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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 09:33

 

 

J'étais allongée depuis quelques heures déjà, dans l'obscurité la plus totale, les écouteurs de mon MP3 vissés sur les oreilles, à attendre que le sommeil veuille bien me visiter et m'emporter pour quelques heures de répit. Mon esprit dérivait au seuil de l'endormissement, sur le point d'y accoster quand une voix grave, que j'ai néanmoins identifiée comme étant celle d'une femme, a retenti dans ma tête, claire, forte et impérieuse m'appellant par mon prénom.


Je suis restée tétanisée quelques instants, la voix a repris, j'ai arraché les écouteurs, me suis dressée sur mon lit, tremblante, l'oreille aux aguets, les yeux se tournant de tous côtés sans parvenir à percer la noirceur de la chambre. Pas de vent, les enfants silencieux, endormis dans leurs lits, le chat près de moi. Le silence, total, poisseux, collant, seulement troublé par les battements frénétiques de mon coeur complètement affolé. Même les voisins, qui ne savent pas s'exprimer autrement qu'en hurlant se sont tus, emporté par le sommeil qui se refuse à moi nuit après nuit.


Avec prudence, je rampe sur le lit, tatônne le mur jusqu'à trouver l'interrupteur, persuadée qu'avant d'avoir réussi à allumer la lumière, une ombre sortie tout droit des mes terreurs enfantines viendra me frôler, s'enrouler autour de mon bras pour achever ce qu'elle n'avait pu terminer alors que je n'étais qu'une enfant : me faire mourir de peur. Par miracle, l'ombre est restée tapie sous mon lit, apparemment aussi effrayée que moi. Alors quoi ? 2H54 sur l'écran de mon téléphone. Naufragée au milieu de mon propre lit. Rembobinage de la chanson en cours d'écoute afin d'en identifier chaque son, chaque tonalité de voix qui pourrait expliquer le phénomène qui m'a laissée glacée jusqu'aux os. Rien. J'attends un moment, je me recouche mais n'éteins pas, la lumière tient les monstres à distance depuis la nuit des temps, c'est bien connu. 6H15, le réveil sonne. Je me suis finalement endormie.

 

Trois semaines plus tard, une soirée marquée par l'angoisse sourde qu'il puisse arriver quelque chose à un "ami". La peur, insidieuse, enjôleuse qui m'a tenue compagnie. La douleur vive de l'inquiétude, de la souffrance, plus tranchante que la plus effilée des lames.


MP3 vissé sur les oreilles, comme chaque soir, j'attends toujours que le sommeil me gratifie de ses égards, comme chaque nuit. Le rituel est presqu'immuable. La musique, l'astreinte à l'immobilité, du corps comme de l'esprit pour mettre toutes les chances de mon côtés. Si je suis bien sage, peut-être m'endormirai-je enfin à une heure décente. Mon esprit dérive, lentement, cherchant à fuir la poigne de fer qui me broie à l'intérieur. Les heures s'étirent, l'obscurité s'épaissit, ma liste de lecture n'en finit plus. Enfin je sens que je lâche prise, que je peux m'abandonner.


Dans un réflexe j'ouvre les yeux une dernière fois. Une silhouette est penchée sur moi. Je ne vois pas son visage, seulement ses cheveux, au-dessus de mon visage et son aura bienveillante. Sans savoir pourquoi, je suis émue. A l'intérieur ça se fissure, les digues lâchent, je sens mon coeur enfler dans ma poitrine, un sanglot, profond, me secoue de la tête aux pieds. Les larmes débordent de mes yeux sans prévenir, de grosses larmes rondes et chaudes, celles de l'enfance, celles qu'il faisait du bien de verser dans les bras maternels tendrement protecteurs, merveilleux remparts contre les monstres de la nuit et les petits bobos du quotidien. J'ai mal, mais c'est bon. Je ne suis plus seule, quelqu'un est là pour veiller sur moi, sombre silhouette qui m'enveloppe et me rassure. Je m'endors ainsi, vaincue par la tendresse qui se dégage de cette inconnue et que je n'ai pas ressentie depuis si longtemps.


7h15, environ 4h de sommeil, les enfants débarquent dans le salon. J'entends leurs pas feutrés sur le plancher. Je me retourne dans mon lit pour retenir un peu plus longtemps la chaleur bienfaisante de la nuit. Sous ma joue, l'oreiller est humide. Les larmes étaient réelles. Qu'en est-il du reste ?

 

J'attends la nuit et ses heures les plus sombres avec impatience. Je veux la revoir, je veux la sentir à mes côtés, me sentir en sécurité, m'endormir paisiblement pour une fois. Je veux qu'elle m'enveloppe et qu'elle me berce. Je veux me noyer dans la paix qu'elle dégageait et dont elle m'a fait le don précieux pendant quelques heures.

 

Qui sont-elles ? Que me veulent-elles ? Sont-elles une seule et même entité ? L'une m'a terrorisée, l'autre m'a apaisée. J'attends. J'attends notre prochaine rencontre.


 

Ce texte n'est pas une fiction...

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commentaires

N
Je vois... Eh bien dis-toi simplement que c'est ton ange gardien(ne) qui est venu(e)pour t'aider au moment crucial ! Tu as de la chance... Espérons qu'il(elle) n'ait pas à revenir trop souvent !
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M
<br /> <br /> C'était en tout cas une présence bénéfique :-) Je m'en languis.<br /> <br /> <br /> Belle journée<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
N
Quel texte poignant ! Si c'est réellement une histoire vécue, beaucoup d'hypothèses pourraient expliquer ces apparitions, mais laquelle serait la bonne ? Tu me fais me questionner !
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M
<br /> <br /> C'est bien une scène de vie que j'ai décrit là !! je m'interroge encore, les "visiteuses" n'étant pas encore revenues me voir...<br /> <br /> <br /> <br />
S
Au fond de nous on a tous des fantômes, il faut les affronter pour avancer.
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M
<br /> <br /> oh ceux là je veux bien les affronter. Celle qui était penchée sur moi m'a apaisée à un point que je ne croyais plus possible.<br /> <br /> <br /> <br />
D
bonjour Mag<br /> depuis hier je vais un peu mieux je profite pour saluer les blogs amis..je te souhaite un bon premier joie et bonheur..gros bisous à bientôt..
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M
<br /> <br /> Contente de savoir que tu vas un peu mieux. Es-tu tout à fait rétabli maintenant ? je te le souhaite. Merci pour tes voeux du 1er mai, j'apprécie et espère vivement qu'il en soit de même pour<br /> toi.<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br />
J
les frontières entre rêve et éveil sont ténues ... je dis éveil pas forcément réalité, celle-ci est peut-être aussi dans le rêve. Une "présence" apaisante pourra peut-être faire reculer ces<br /> insomnies<br /> bises et belle soirée
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M
<br /> <br /> Oui ces frontières là sont ténues, il s'y passe parfois de drôles de choses.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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